Attentes
( Installation performance/poème/vidéo/gâteau de Sophie Taam) « Je suis partie de lĠexpérience universellement partagée par les femmes seules de lĠattente dans un lieu public. Cette performance part dĠun postulat : la réalité fera son travail dĠajustement : résultat à partir du 15 juilletÉ » Mon postulat partait de mon expérience personnelle : chaque femme qui a attendu dans un lieu public a, tôt ou tard, été accostée comme une prostituée. JĠai donc demandé aux 5 artistes participantes de se prêter au jeu ( moi y compris) et, le 15 juillet, dĠattendre le long de la route avant « La Vie est belle » pour voir ce qui se passait. JĠai filmé la performance. Comme toujours, la réalité a été surprenante. Tout dĠabord, une des 5 artistes a refusé de participer. Son expérience personnelle démentait mon hypothèse de base : elle nĠa jamais été accostée dans un lieu public pendant quĠelle attendait seule. JĠai trouvé intéressant son refus : peur de se confronter à une situation embarrassante, de remettre en question ses certitudes ? ( au fond, je crois quĠaucune de nous nĠa fait cette performance sans un soupçon de malaise). Et puis, aucune voiture ne sĠest arrêtée pour les 4 artistes. Michel de La Vie est Belle pense que la configuration du village , sans anonymat, contrairement à la ville, nĠautorise pas les gens à sĠarrêter, sĠafficher, sĠexposer devant leur pair. Les artistes participantes pensent que lĠemplacement ne permettait pas aux voitures de sĠarrêter. Moi, je pense que finalement, les hommes qui abordent les femmes en ville savent pertinemment quĠelles ne sont pas des prostituées et veulent seulement jouer, tester leur résistance. Avec une prostituée, par définition, il nĠy a pas de résistance, juste de lĠargent en jeu : le jeu nĠest donc pas possible. Et puis, comme énoncé dans mon poème-fond dĠécran de projection, peut-être existe-t-il un décalage entre mon ressenti ( et par extension celui dĠautres femmes) et la réalité « objective ». Mais nĠétait-ce pas justement le but de cette exposition ANIMUS ANIMA de permettre dĠ accéder à une subjectivité dĠartiste féminine ? Après tout, peu importe la réponse, je voulais juste poser une question. Si mon installation est un peu âpre, le poème un peu dur, comme le jour de lĠinauguration, on mĠa plus félicitée pour ma contribution culinaire quĠartistique, jĠai décidé dĠadoucir un peu lĠinstallation avec cette note très sucrée de gâteau aux carottes. Pour la soirée du 17 juillet, le gâteau aux carottes fait donc partie intégrante de lĠinstallation. Mangez-en en regardant la vidéo. Vous sentirez : les carottes, la cannelle, la fleur dĠoranger et le sucre font passer lĠamertume de la pilule ! |
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